A cause d’une éducation sexuelle coincée j’ai du mal à être libérée sexuellement
Question :
Je suis avec mon compagnon depuis bientôt dix ans. Nous sommes heureux dans notre couple. J‘ai eu un passé difficile avec ma famille. Depuis mon plus jeune âge, mes parents considéraient le sexe comme tabou et pour eux, leurs filles ne devaient pas coucher ailleurs que dans un lit, et avec seulement l‘homme qu‘elles devraient épouser.
Pour montrer le genre d‘ambiance, ma grande soeur a eu le malheur d‘être surpris avec son petit copain dans une posture inconvenante alors qu‘elle avait 16 ans (j‘en avais 14 à l‘époque) et elle s‘est vue maltraitée pour rester polie de « fille de joie » durant des mois par toute la famille.
Depuis le début de ma relation avec mon compagnon, j‘ai eu des difficultés à vivre une sexualité épanouie, car j‘ai des blocages qui m‘empêchent de me « laisser aller » lors de nos ébats, encore aujourd‘hui, j‘ai peur qu‘il se moque de moi ou qu‘il ait une mauvaise opinion de moi.
J‘aimerais pouvoir le surprendre dans nos relations comme lui sait si bien le faire. Je me rends compte que depuis 9 ans, lui seul prend des initiatives, que lui seul, de par mes craintes, conduit nos jeux entre « amants »; et j‘ai peur qu‘à court ou à long terme, cela porte préjudice à notre couple. Je sais pour en avoir discuter avec lui, qu‘il aimerait me voir plus « active » dans notre vie érotique et sexuelle; que je laisse libre court à mes propres phantasmes, ou plus simplement en prenant l‘initiative de nos ébats…
Pouvez-vous m‘aider à trouver des cheminements afin d‘effacer les idées préconçues que mes parents ont la mauvaise idée de me mettre en tête et qui me polluent aujourd‘hui la vie…
Réponse
Chère Laurena,
Tout d’abord, je te félicite pour ta réflexion et ton courage à faire face à ta souffrance, à tes difficultés psychiques. L’éducation que tes parents ont voulu t’offrir correspond à ce qu’ils ont eux même choisi de conserver ou non de leur propres éducation. L’intimité, la rencontre et le plaisir semblent être pour eux source d’angoisse et de culpabilité massive et leur rapport mal à l’aise à la sexualité en est la conséquence. Pour ne pas faire face à cette angoisse, ils l’ont en quelque sorte érigée au rang de vertus, de conscience morale, d’hygiène de vie, ce qui est d’autant plus bénéfique que valorisé dans certaines familles.
Cet héritage culturel et éducatif que tu as reçu, tu n’es pas tenue d’y adhérer, mais ce n’est pas une solution non plus de le rejeter en bloc, ou comme tu le dis de l’effacer, car aussi paradoxal que ça en a l’air dit comme ça, cela ne ferait que renforcer cette adhésion. Le but n’est donc pas d’oublier cette partie de l‘éducation, mais faire en sorte qu’elle ne soit plus traumatique et actuelle. Dans tout symptôme, il y a un bénéfice secondaire, même si au premier abord cela semble cruel ou impossible à dire, il serait bon que tu te demandes ce que te « rapporte » le fait d’être mal à l’aise dans ta sexualité, de ressentir de la culpabilité en désirant. Voici quelques hypothèses de travail, et quelques piste. Il me semble que ce rapport à la sexualité que tu perdures, aussi pénible soit-il au quotidien, aussi entravant soit-il pour ta relation amoureuse, te permet de rester fidèle à tes parents, cette loyauté filiale agit ici à l’encontre de ton épanouissement personnel, mais le sacrifice de celui-ci est peut-être plus « aisé » que l’opposition à tes figures parentales puissantes et malgré tout idéalisées ( dans le travers comme dans leurs qualités ). Freud dit que la culpabilité a deux origine, la peur de l’autorité qui oblige à renoncer à certaines motions pulsionnelle et la crainte du Surmoi, auquel on se soumet par crainte de perdre son affection et sa protection.C’est pourquoi, la culpabilité qui vient inhiber toute expression de ton désir s’origine dans ce que l’on vient d’exposer. Cette culpabilité naît de la confrontation du Désir et de l’Interdit.
Deux désirs opposés s’expriment en toi, vouloir satisfaire ton homme et tes parents. Alors je pense qu’il est vraiment nécessaire pour toi de ne pas « effacer leurs idées préconçues », mais d’aller à leur rencontre, de comprendre pourquoi ils existent en toi, pourquoi une telle influence a autant d’emprise, en quoi cela t’entrave et ce que ça peut révéler d’autre chez toi dans d’autre domaine que la sexualité, les relations humaines, les projets, les désirs en général.
C’est pourquoi, je pense qu’il faut que tu t’arrêtes cinq minutes et que tu réfléchisses à ce que tu veux Toi. Au delà de ta relation amoureuse, de ton homme que tu remercie presque de t’aimer, de tes parents, de la relation oedipienne paroxystique qui perdure du moins fantasmatiquement. Essaye de comprendre, de révéler les liens entre les choses, les émotions. Donner du sens à ton angoisse de perte d’amour.
Au regard de ta réflexion bien construite, je ne peux que te conseiller de consulter un psychologue clinicien d’orientation psychanalytique, car crois moi, ta vie et son ressenti n’en seront que soulagés et plus faciles.
Voilà j’espère avoir répondu à ta question n’hésite pas à me recontacter.